De Stival à Guern, quand les habitants privés de commerce se font épiciers

Il y en a une centaine en France, et deux vont ouvrir à Stival et Guern : dans les épiceries participatives, ce sont les habitants qui tiennent le comptoir. De quoi maintenir un lieu de vie en ruralité.

Le bar ? Fermé. La boulangerie ? Idem. Comme environ 10 % des communes bretonnes , Stival ne compte plus de commerce. Difficile d’exister dans une région qui compte plus de 3 000 grandes et moyennes surfaces. Mais un commerce, ça ne sert pas qu’à s’approvisionner. « La covid l’a révélé : il y a un désir à Stival de créer du lien social , de se retrouver », souligne Florence Caillé, habitante de la commune, qui y animait une réunion publique, jeudi. Elle était accompagnée d’Aymard de la Guillonnière, de Bouge ton coq , association à but non lucratif qui vient en aide aux territoires ruraux. Financée uniquement par des subventions et des dons, elle aide à la création d’épiceries participatives, comme les deux qui vont s’implanter autour de Pontivy. « Chacun met la main à la pâte »

 À Stival, elle s’appellera la Châtaigne, dans les 25 m² du 10, rue des Frères-d’Arcel, dans le centre-bourg. À Guern, l’épicerie verra le jour dans l’ancienne garderie. Ce sont les mairies qui ont fourni les locaux et toutes deux devraient ouvrir en juin, si possible. Pour qu’une épicerie participative fonctionne, il faut que chaque adhérent paye une petite cotisation annuelle (entre 15 et 30 €) et donne deux heures de son temps chaque mois pour tenir la caisse, ranger les rayons ou aller chercher les commandes auprès des producteurs du coin. « Chacun met la main à la pâte selon ses possibilités. Vous avez de la chance car le local est fourni par la mairie, c’est le principal », souligne Aymard de la Guillonnière.

D’après l’enquête publique à Stival, « il y a 70 personnes intéressées pour donner de leur temps et déjà un éventail de producteurs locaux identifiés : il y a de quoi ouvrir plusieurs jours par semaine avec des centaines de références en rayon ». Il y a de quoi ouvrir plusieurs jours par semaine avec des centaines de références en rayon. Liberté et prix coûtants La gestion des cotisations, des commandes aux producteurs, des commandes des clients, des emplois du temps et de la caisse passe par le site gratuit monepi , pensé pour gérer des épiceries participatives. Créé il y a six ans, il a permis d’ouvrir une centaine d’épiceries indépendantes, et aucune n’a encore fermé.

Simple, il permet à toute commune de se lancer et de bénéficier des listes de producteurs des autres. Le format associatif et non lucratif de ces commerces facilite grandement la tâche des bénévoles : peu de paperasse et pas d’objectifs de rentabilité. Mais aussi zéro marge, donc des comptes constamment à l’équilibre et des produits souvent bio, à prix coûtants.

Les associations ont la liberté de décider de tout, du choix des producteurs et des références au montant de la cotisation annuelle, en passant par l’ouverture d’un café dans le local (elles disposent d’emblée d’une Licence 3). « D’expérience, ça arrive assez naturellement », explique Aymard de la Guillonnière, qui a déjà vu un tel projet voir le jour dans une commune de 60 habitants. « La première épicerie du genre, créée il y a six ans, dégage aujourd’hui 375 000 € de chiffre d’affaires par an ». De quoi en voir d’autres essaimer en Centre-Bretagne ?

Aller en haut